Les ressources pétrolières et gazières du Sénégal sont un élément crucial de l’économie et du développement futur du pays. Bien que le Sénégal ne figure pas encore parmi les dix premiers producteurs de pétrole et de gaz du continent africain, son potentiel et son développement continu pourraient changer cette situation dans les années à venir.
Le Sénégal dispose principalement de six blocs offshore pour l’exploration et l’exploitation du pétrole et du gaz.
Certains de ces blocs sont présentés ci-dessous :
Bloc offshore de Saint-Louis : ce bloc est situé sur le plateau en eaux profondes entre la Mauritanie et le Sénégal et la première phase du projet “Grand Tortue Ahmeyim” (GTA) y est actuellement en cours de développement. Ce projet est exploité par British Petroleum et les ressources totales en gaz du champ sont estimées à environ 15 trillions de pieds cubes (TCF). Le premier baril de gaz devrait être commercialisé fin 2024 - début 2025.
Bloc offshore SANGOMAR : ce bloc, découvert en 2014, est situé dans la région de Rufisque, à 100 km au sud de Dakar. Il est estimé à 630 millions de barils de pétrole et 4 trillions de pieds cubes de gaz (TCF). Le projet “Sangomar” qui y est développé vient d’achever sa première phase et a déjà commercialisé le premier baril de pétrole en juin 2024 et le premier baril de gaz devrait être commercialisé en octobre 2024.
Bloc offshore CAYAR : ce bloc est situé sur la plateforme en eaux profondes au large de la côte sénégalaise. Il comprend les champs de Yakaar et de Teranga. Ces projets ont une réserve totale estimée à 20 trillions de pieds cubes (TCF) de gaz.
Le projet Yakaar - Teranga est encore en phase d’exploration, mais son exploitation devrait commencer en 2026.
Enfin, les blocs de Rufisque profond, AGC et Sénégal Sud sont dans une phase d’exploration précoce, sans date d’exploitation connue.
En résumé, le secteur des hydrocarbures, dont la capacité de production totale est estimée à 39 trillions de pieds cubes (TCF), pourrait faire du Sénégal le cinquième pays d’Afrique en termes de réserves de gaz. Selon le Fonds Monétaire International (FMI), ce secteur représentera environ 5 % du Produit Intérieur Brut (PIB) entre 2025 et 2040. En outre, il devrait contribuer à hauteur de 700 milliards de FCFA aux caisses de l’État, selon le ministère sénégalais des finances.
Le Sénégal est actuellement très dépendant des importations de pétrole brut et de produits pétroliers. Cinquante- cinq pour cent de la production totale d’énergie provient du pétrole. Cependant, les récentes découvertes pourraient contribuer à faire progresser l’économie sénégalaise sur la voie de la réalisation des objectifs du Plan Sénégal Émergent (PSE) à l’horizon 2035.
L’industrie pétrolière et gazière au Sénégal représente non seulement une source de revenus supplémentaire, mais aussi une opportunité de diversifier l’économie au-delà des secteurs traditionnels tels que l’agriculture et la pêche. Elle attire également les investissements étrangers et encourage les transferts de technologie. Le développement des infrastructures nécessaires à l’exploitation de ces ressources permettra également d’améliorer la connectivité et la logistique du pays.
Cependant, nous ne pouvons pas ignorer les défis auxquels ce secteur est confronté et, par extension, le pays. Les retards de production sont fréquents dans l’industrie et peuvent affecter les revenus attendus et la planification financière, il est donc essentiel de gérer les projets efficacement pour éviter des retards importants.
La volatilité des prix du pétrole et du gaz peut avoir un impact significatif sur les revenus du pays, le Sénégal doit se préparer à des scénarios de prix élevés et bas.
Il existe un risque que les attentes concernant les revenus et les bénéfices du secteur soient trop élevées, ce qui pourrait générer une pression politique en faveur de dépenses élevées, qui ne seraient pas viables à long terme.
Si les projets de conversion du gaz en électricité offrent des avantages en termes d’énergie plus propre et plus abordable, ils présentent également le risque d’être enfermés dans des contrats gaziers à long terme qui pourraient affecter la viabilité budgétaire.
La gestion environnementale de l’exploitation et de la production d’hydrocarbures est cruciale ; les impacts négatifs sur l’environnement naturel et les communautés locales doivent être minimisés.
Les communautés vivant à proximité des projets pétroliers et gaziers doivent être impliquées et bénéficier d’avantages tangibles ; la consultation et le dialogue sont essentiels pour éviter les conflits et promouvoir l’acceptation sociale.
Malgré le potentiel du pétrole et du gaz, le Sénégal doit continuer à investir dans les sources d’énergie renouvelables ; la diversification énergétique garantit la résilience et la durabilité du secteur. Enfin, le Sénégal doit assurer une gouvernance solide et la transparence dans la gestion des revenus et des contrats, ce qui contribuera à prévenir la corruption dans le secteur.
En fin de compte, en relevant stratégiquement ces défis, le Sénégal pourra maximiser les avantages du secteur pétrolier et gazier tout en assurant un développement durable et responsable.
L’équilibre entre la croissance économique et la préservation de l’environnement est essentiel pour l’avenir du pays.
Auteur de l’article : Enrique Agudo (SUPERMARITIME)